L’État Profond dans le viseur de Donald Trump

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Lors de ma rencontre avec Robert Kennedy Jr, le personnage m’était apparu comme le contraire d’un calculateur, plutôt le genre écorché vif, à la fois gâté par la vie, doté d’un nom mythique mais aussi hanté par la malédiction d’avoir eu un père et un oncle assassinés alors qu’il était enfant. Kennedy m’avait raconté que c’étaient ses problèmes de drogue qui lui avaient, par hasard, permis de devenir l’avocat des causes environnementales aux Etats-Unis. « En 1983, me disait-il, j’ai été arrêté pour détention d’héroïne et condamné à des travaux d’intérêt généraux qui avaient un lien avec la Fondation pour la rivière Hudson ». Il est ensuite devenu défenseur des marins pêcheurs. En tout, il a gagné plus de 400 procès.

Toute sa vie, Kennedy a bataillé pour l’environnement et contre l’argent roi et son influence néfaste en politique. Lors du discours où il annonçait son ralliement à Trump, il a dit : « J’ai commencé cette aventure de la présidentielle en tant que démocrate. Le parti de mon père et de mon oncle, à qui j’avais juré fidélité bien avant d’avoir l’âge de voter. J’ai assisté à ma première convention des démocrates à l’âge de six ans, en 1960. A l’époque, les démocrates étaient les champions de la Constitution et des droits civiques. Ils s’élevaient contre l’autoritarisme, la censure, le colonialisme, l’impérialisme et les guerres injustes. Nous étions le parti du travail, celui de la classe ouvrière. Nous étions le parti de la transparence du gouvernement et le champion de l’environnement. Notre parti était le rempart contre les intérêts d’argent et des grandes corporations. Fidèle à son nom, c’était le parti de la démocratie ». Il concluait : « Le Parti démocrate est devenu celui de la guerre, de la censure, de la corruption, du « big pharma », du « big tech », des multinationales et de l’argent ».

Robert Kennedy Jr à la manœuvre

Pour Kennedy, le souhait de mettre au pas l’État profond relève d’une démarche très personnelle. Il veut faire la lumière sur la mort de son oncle JFK. Lors d’une interview en 2023, il avait affirmé qu’il existait « des preuves accablantes de l’implication de la CIA ». Mais il n’y a pas que Kennedy comme « outsider » dans l’équipe Trump. Il y a bien sûr Elon Musk, libertarien devant l’éternel, issue lui aussi du camp démocrate. Musk est devenu le bras droit de Trump, celui qui construit des voitures électriques et des fusées qui iront sur mars mais aussi celui qui entend évangéliser l’Europe aux dangers de l’immigration et qui n’hésite pas à intervenir dans les affaires intérieures de l’Angleterre et de l’Allemagne. Tulsi Gabbard en fait aussi partie.  Elle n’a eu de cesse, des années durant de fustiger l’interventionnisme américain dans le monde, son coût vertigineux et ses conséquences sur l’image de l’Amérique. On lui reproche d’avoir rencontré Bachar el-Assad en 2017 ainsi que d’avoir estimé que l’agression russe contre l’Ukraine en 2022 était le fruit d’une provocation de l’OTAN à l’égard de la Russie. Aussi lorsque Trump lui a proposé de diriger le renseignement national, soit de superviser les dix-huit agences et départements de renseignement du pays, beaucoup ont grincé des dents. Elle fut accusée par certains d’être un agent russe, ce que rien ne vient étayer. Tulsi Gabbard a par le passé servi son pays comme officier en Irak. Sa présence, comme celle de RFK Jr et d’Elon Musk dans la nouvelle administration, est bien la preuve que l’ère Trump inaugure une nouvelle politique tant sur le plan intérieur qu’à l’international.

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