L’ambiance était au recueillement lors de la manifestation organisée par l’Institut pour la Justice, place Denfert-Rochereau à Paris. À 19 heures, pour son lancement, la pluie commence à tomber, battante, sur la petite foule rassemblée face à la tribune. Si les organisateurs revendiquent 4 000 personnes, le vrai chiffre semble plutôt tourner autour de quelques centaines, ou un millier de manifestants.
Sur un grand écran installé pour l’occasion, on peut voir défiler des noms de victimes et des témoignages de leurs proches. Avec calme et dignité, les personnes rassemblées observent silencieusement une minute de silence, puis une trentaine d’autres, écoutant les interlocuteurs qui prennent place à la tribune. Ils dénoncent le « laxisme judiciaire et sécuritaire », appellent à la tenue de mesures drastiques en matière d’immigration et de délinquance. À un moment, un homme, visiblement dans un état second, tente de prendre place à la tribune. Il est rapidement dégagé par le service d’ordre.
« Je suis ici parce que l’histoire de Lola n’est pas un fait divers, isolé. C’est très régulier : on a tous les jours quelqu’un qui se fait poignarder, une femme violée dans une rue » explique un jeune manifestant. « Je suis venu ici avant tout pour commémorer la mort de ces nombreuses victimes issues de l’immigration sauvage » nous raconte un autre. Ainsi, ce n’est pas pour Lola seule que la foule est réunie, mais pour la mémoire de toutes les jeunes victimes de criminels étrangers. Lola, ainsi, est presque absente des discours, mais pas des banderoles. L’association féministe identitaire Némésis est présente avec une grande affiche « L’État m’a tuée – #justicepourLola ». Ses membres tiennent des pancartes : « Lola aurait pu être notre petite sœur ». Mathilda, cadre de l’association, dit être ici « en tant que femme, et en tant que militante ».
Un rassemblement politique
Mais alors, que dire de la récupération politique, critique majeure faite aux manifestants ? « C’est tout à fait hypocrite de parler de récupération, tout le monde en fait » assène un manifestant. Si l’on n’entend aucun slogan et si aucune affiche de parti politique n’est présente, certains représentants sont bien là, eux. Florian Philippot, chef des Patriotes, affirme bien être ici en tant qu’homme politique. « Tout est politique » répond-il à ceux qui l’accusent de récupération. Dans la foule, on aperçoit un Eric Zemmour silencieux, le visage fermé, qui n’accorde aucun mot à personne. « La consigne a été passée pour les représentants de Reconquête ! de ne pas parler à la presse », explique Stanislas Rigault. Pourtant, eux et un nombre impressionnant de personnalités de droite radicale sont bien là. Les influenceurs sont en nombre, mais tous gardent le silence.
Sur les coups de 19h30, l’Institut pour la Justice déclare la manifestation terminée. Alors, surgissant du milieu de la foule, une trentaine d’hommes encagoulés sort des fumigènes et se met à crier des slogans aux connotations racistes. La grande majorité de la manifestation se disperse alors, avec des mots de dégoût : « Ils vont encore réussir à nous gâcher ça », « C’était un rassemblement digne » entend-on.
De son côté, le Rassemblement National a tenu une minute de silence devant l’Assemblée Nationale en mémoire de Lola. La gauche et le centre, quant à eux, ont fustigé la récupération politique d’un évènement dramatique alors que la famille de Lola a déclaré ne pas souhaiter d’instrumentalisation. De très nombreux internautes n’ont pas hésité à qualifier de « vautours » les participants à ce rassemblement, les accusant de faire de la communication politique sur le dos de la petite Lola. En cause notamment l’achat de noms de domaine liés à la petite fille enlevée, violée, torturée et tuée par une Algérienne sous le coup d’une OQTF vendredi 14 octobre.