Le premier tour du scrutin législatif qui s’est déroulé le samedi 17 décembre en Tunisie s’est soldé par une abstention record de plus de 88 %. Un scrutin souhaité par le président tunisien Kaïs Saïed, 64 ans, au pouvoir depuis octobre 2019 et plus encore depuis son coup de force du 25 juillet 2021. La plupart des observateurs s’inquiètent de l’absence de retour à la normale en Tunisie, plus de dix ans après le « printemps arabe » de 2011. Personne en tout cas ne s’attendait à un tel boycott des élections par le peuple. Preuve en est désormais du désamour entre les Tunisiens et la politique, à écouter la plupart des observateurs. Renouer avec la pratique démocratique sera compliqué, tant la déception semble grande.
Influencé par le nationalisme arabe, mais plus nettement plus conservateur que révolutionnaire, le président Saïed est notamment très hostile à l’État d’Israël et considéré comme proche de l’Algérie voisine. Les États-Unis réclament de lui un retour à l’État de droit en Tunisie, tandis que la France qui craint par-dessus tout une nouvelle déstabilisation du pays, s’inquiète surtout de la situation économique du pays. Kaïs Saïed sort en tout cas fragilisé de ce premier tour de scrutin, même s’il exclut pour l’instant de donner sa démission, ce que réclament bien entendu les oppositions.
Par ailleurs, l’ancien Premier ministre tunisien Ali Larayedh, issu du parti islamiste Ennahdha a été arrêté le mardi 20 décembre dans le cadre d’une enquête sur le départ de jeunes Tunisiens vers la Syrie entre 2011 et 2014 aux fins de pratiquer le Djihad contre le régime du président Bachar el-Assad. On parle de 5000 à 6000 Tunisiens concernés par cet engagement islamiste. Certains y voient un avertissement du régime contre toute tentative de déstabilisation dans les jours et les semaines qui viennent. On doute fort en effet que le second tour des élections législatives ne règle quoi que ce soit en Tunisie.