« Si la Russie et moi ne sommes pas capables de parvenir à un accord pour mettre un terme au bain de sang en Ukraine, et je pense que c’était la faute de la Russie, je vais imposer des droits de douane secondaires sur tout le pétrole qui sort de Russie » » a averti le président américain.
« Cela signifierait que si vous achetez du pétrole russe, vous ne pourrez plus faire d’affaires aux États-Unis ». La menace est claire mais elle est aussitôt nuancée : « la colère se dissipe rapidement, Poutine fait ce qu’il faut ». Le président américain est un sanguin. Et il veut aller vite, en particulier sur l’Ukraine.
On invoque comme raison que son objectif final reste la Chine, qu’il entend la détacher de la Russie en redéfinissant ses alliances quitte à faire de larges concessions à cette dernière. Moralement, les Européens s’étouffent. De ça, Trump n’a cure. Il les déteste, les traite en privé de profiteurs, a l’impression qu’ils ne font que profiter de la générosité américaine. Idéologiquement, ils sont à ses yeux, comme l’a longuement expliqué JD Vance, son vice-président, lors de son discours à Munich, le sanctuaire de la décadence, de l’affaiblissement moral, du wokisme, de l’abandon des valeurs et de la religion… Dans la réalité, si Donald Trump exige la paix en Ukraine, c’est qu’il ne veut surtout pas que son image et son prestige soient entachés par les conséquences d’une guerre perdue. Pour lui, autant l’arrêter tant que le sort des armes n’a pas encore totalement rendu son verdict et apposé le sceau de la défaite sur une entreprise qui porte de bout en bout la marque des États-Unis d’Amérique.
Face à lui, circonstances obligent, Vladimir Poutine est nettement moins pressé. D’abord parce que sur le terrain, ses armées progressent de façon constante, que l’épine de la présence ukrainienne à Koursk n’existe plus et que l’état d’épuisement de l’armée et de la société ukrainienne lui fait entrevoir la possibilité d’une capitulation de cette dernière à terme.
Mais il lui faut accommoder Trump. Le revirement américain sur l’Ukraine et sur la politique internationale est une opportunité pour la Russie comme il n’en existe pas plus d’une par siècle. D’où les quelques concessions faites sur l’arrêt des frappes sur le système électrique ukrainien ou l’arrêt des combats en mer Noire. Des concessions qui, il faut le reconnaître, bénéficient aussi beaucoup à la Russie, durement éprouvée récemment par les frappes sur ses raffineries et qui, en mer Noire, pourra profiter de la réouverture du commerce pour écouler son blé et ses engrais partout dans le monde sans les contraintes qui existaient jusqu’ici.
Il reste aussi qu’au final, dans ce duo iconoclaste qui voit un Russe et un Américain décidés à s’entendre, les habitudes réciproques sont solides. Trump doit montrer qu’il sait résister à Poutine, sinon son opinion et surtout le Congrès dira qu’il s’est vendu à l’ours russe. Poutine aussi doit ménager ses arrières. Peut-il vraiment faire confiance à une Amérique qui a poussé l’OTAN jusqu’à ses frontières, ce qui est la cause principale de l’intervention en Ukraine ? Au menu des négociations, l’hypothèse d’une partition écrite à l’avance et jouée au sein d’un théâtre politique n’est pas à exclure…
Voir aussi : Ukraine, la guerre sans fin. Notre nouveau hors-série, actuellement dans tous les bons kiosques

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