Ukraine : mais que cherche le président français ?

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Depuis une semaine, il s’exprime presque tous les jours. La présidente de la Commission Européenne Ursula Van Der Leyen a été mise sur la touche.

La séquence qui s’est ouverte avec le clash entre Zelensky et Trump au sein même du Bureau ovale et se poursuit avec d’un côté les négociations entre Américains et Russes et de l’autre l’Europe qui cherche désespérément une riposte, sonne comme un changement d’ère.

C’est d’ailleurs un terme admis par Emmanuel Macron dans ses allocutions cette semaine. Si elles sont si nombreuses, cela est d’ailleurs peut-être dû au fait qu’un autre dirigeant, Donald Trump, est lui aussi un bavard patenté. Et comme c’est lui qui dicte le tempo de l’évolution sidérante des relations internationales, mieux vaut montrer qu’on existe, au risque d’être mis sur la touche. Macron n’est d’ailleurs pas le seul à s’exprimer abondamment. Le Britannique Keir Starmer le fait, Viktor Orbán, en mode pont entre deux rives. Georgia Meloni pour marteler la singularité italienne, à la fois proche de Trump et soutenant l’Ukraine, une position pas facile en ce moment.

Cela étant, il y a les mots. Ceux d’Emmanuel Macron était mercredi soir particulièrement solennels. D’une gravité inhabituelle, rappelant les prérogatives d’un président français, sa responsabilité unique dans la dissuasion, même si le même Macron ambitionne quelque part de la partager avec l’Allemagne. Surtout, le président français a appelé ses compatriotes à faire preuve de « force d’âme », à s’engager « pour la patrie ». Il a dans le même temps rappeler la menace qui nous fait face. Elle s’appelle Russie, un danger « existentielle » selon lui. On se serait cru à une veillé d’armes.

Ce quasi-appel à la mobilisation se faisait à l’heure où Américains et Russes se rencontrent pour négocier la paix en Ukraine. C’est la raison pour laquelle on a tout de même un peu de mal à s’imaginer que la Russie s’apprête à nous envahir. Il faut rappeler d’autre part qu’elle n’a reconquis « que » 200 kilomètres de territoire ukrainien en deux ans dans le Donbass. On a un peu de mal à les imaginer subitement envahir « la Moldavie et peut-être la Roumanie » comme l’a dit Emmanuel Macron au Figaro à l’issue du sommet de Londres de dimanche dernier. Depuis trois ans, on nous rabâche que l’armée russe n’est plus ce qu’elle était, qu’elle s’est retrouvée à la peine face à l’héroïque Ukraine, et soudain il faudrait penser qu’elle va se transformer en menace pour l’Europe. Comme l’écrit Jean-Marie Rouart dans le Figaro, l’explication tient dans le fait qu’il ne reste plus au président sans majorité, avec un gouvernement sous la menace d’une censure, que le domaine réservé de la défense et de la politique internationale. C’est là qu’il peut briller, là qu’il est éloquent. Avec une situation intérieure où notre pays est figé, cet appel à la nation de la part du président sonne comme le dernier cri d’un homme pieds et poings liés.

Voir aussi : Ukraine, la guerre sans fin. Notre nouveau hors-série, actuellement dans tous les bons kiosques

Ukraine : la fin des somnambules

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