Les Ukrainiens ne sont pas très optimistes. Hier, la première séance des négociations à Djeddah s’est ouverte entre les délégations ukrainienne et américaine.
« Abandonnez toute illusion selon laquelle Donald Trump se soucierait de quelqu’un d’autre que de lui-même et des États-Unis », a déclaré, à l’Agence France-Presse, le précédent ministre des affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, en déplacement à Nancy pour intervenir devant les étudiants de Sciences Po. « Il ne se soucie pas de l’Ukraine, ni d’aucun pays européen, ni de l’Union européenne. Donc il ne faut pas s’attendre à ce qu’il soit disposé à aider. Mais cela ne signifie pas qu’il est impossible de négocier avec lui », a ajouté M. Kuleba, à la tête de la diplomatie ukrainienne jusqu’en septembre dernier. La première séance des nouvelles négociations donc s’est soldée hier par le départ sans commentaire d’une délégation ukrainienne composée d’hommes en tenues militaires. On est loin des costumes cravate de la première rencontre il y a deux semaines entre Américains et Ukrainiens. Comprendre : les Ukrainiens ne sont pas prêts à rendre les armes. La vraie question demeure : ont-ils toujours les moyens de leur politique ?
Les Américains semblent avoir cédé beaucoup aux revendications de Vladimir Poutine dont les armées ont depuis trois mois le vent en poupe. S’ils souhaitent se désengager, les Américains restent pour le moment aux côtés des Ukrainiens sur le front. Pour le démontrer, le GUR, les services de renseignement militaire ukrainien, dirigé par le général Kyrylo Budanov, un homme formé par la CIA, a publié une vidéo de deux hélicoptères K-52 russes abattus ce week-end avec l’aide du renseignement américain. Ces derniers maintiennent donc une pression sur la Russie et sont loin de lui céder sur tout.
Il n’empêche que Donald Trump n’est pas dans le temps long sur l’Ukraine. Il souhaite même une paix rapide pour passer au chapitre Chine et Iran. Poutine en revanche aimerait gagner du temps pour pousser son avantage au maximum sur le terrain. Aujourd’hui les Américains rencontrent les Russes. Ils devraient finaliser l’accord sur le cessez-le-feu de trente jours sur les frappes sur les installations électriques des deux pays et même envisager, d’après Steve Wilkoff, l’émissaire de Trump sur l’Ukraine, un cessez-le-feu maritime en Mer noire. Mais les exigences des Russes vont plus loin. Ils demandent l’arrêt complet des livraisons d’armes et de renseignement à l’Ukraine, non seulement de la part des Américains, mais aussi de la part des Européens. Trump est donc sous pression, après avoir soumis Zelensky à son bon vouloir avec l’épisode de la Maison-Blanche. Le clash s’était suivi d’une interruption des livraisons d’armes et de renseignement. En 24 heures, l’Ukraine a cédé. Zelensky ayant en quelque sorte délégué la négociation pour son pays aux États-Unis se trouve dans une situation inconfortable. Mais Trump aussi a peu de marge de manœuvre. Il peut amener à un accord général, que Poutine acceptera pour ne pas s’aliéner Trump, mais il ne lâchera pas sur la neutralité, les territoires. Ce qu’il souhaite en réalité, c’est la capitulation de l’Ukraine. Ça les Américains ne l’accepteront pas, et Poutine le sait. Un deal est donc possible. Pour combien de temps ? Mystère…